Quel lecteur de
fantasy ne connait pas le travail
de Didier GRAFFET ?
Ne serait-ce
que pour la fameuse couverture
de «Légende» de David Gemmell parue
chez Bragelonne en 2000...
Il commence une école d'art mais la quitte au bout de 15 jours, la formation lui paraissant trop abstraite, pas assez de dessin à son goût... il bosse alors dans une agence de pub qui ne l'emballe pas non plus et finit par rentrer à l'école Emile Cohl de Lyon pour suivre un BTS. Nicollet est l'un de ses profs qui a une influence positive sur ses études et c’est avec plaisir qu'ils se revoient aujourd’hui. A sa sortie, il travaille quelque temps dans la pub et décide très vite de devenir illustrateur free lance.
Sa première
couverture est pour le magasine de Jeu De Rôles, Casus Belli en1994.
Il veut tellement la réussir qu'il en fait deux et choisit d'envoyer
celle qu'il juge la meilleure.
Il intègre
ensuite la société de JDR Multisim créée en 1992. Le courant
passe bien entre passionnés du même âge, favorisant une bonne
émulation et c'est là qu'il se familiarise avec le métier
d'illustrateur. En 1996, Frédéric Weil (co-fondateur de Multisim)
et Stéphane Marsan fondent les éditions Mnémos et Didier réalise
leurs premières couvertures comme «Souffre-Jour» de Matthieu
Gaborit (ci dessous), où son sens de la composition fait merveille.
Didier ne quitte
pas pour autant le JDR et travaille pour Oriflam, Rackham ou Dragon
magazine tout en faisant des couvertures pour J'ai Lu, Fleuve Noir et
Pocket où son style médieval-fantasy, qui rivalise avec les
meilleurs artistes américains du genre, est très apprécié.
Quand Stéphane
Marsan quitte Mnémos pour fonder les éditions Bragelonne avec Alain
Nevant en 2000, ils sont conscients que dans le domaine des
littératures de l'imaginaire, l'illustration de couverture a un
impact décisif sur les ventes et cela est encore plus probant pour
un éditeur qui se lance sur le marché. Ils vont donc proposer à
Didier, avec qui Stéphane a déjà travaillé, d'illustrer les
couvertures de leur collection Fantasy. Son travail, bien mis en
évidence en couverture de livres grand format, enchante les lecteurs
et c'est le début du succès pour Bragelonne. Le succès appelant le
succès, les éditions Albin-Michel, L'Atalante, Robert Laffont,
France loisir, Le Pré au Clercs et récemment Ballantine Books font
travailler Didier à leur tour.
Après avoir
réalisé 4 albums de 95 à 97 chez Gründ dans la collection
jeunesse des livres-jeu illustrés tel que «La Forêt aux 100
sortilèges» ou «La Tour aux 100 menaces», il s'attelle à un
énorme projet, illustrer le texte intégral de Jules Verne, «20000
Lieues sous les mers», un travail qui lui prend plusieurs années et
qui devient un gros succès en librairie à sa sortie en 2002 (80 000
exemplaires vendus). Force est de constater que Didier s'impose comme
un grand illustrateur, capable de travailler avec brio dans d'autres
genres que la Fantasy ! Passionné par cet univers, Didier a même
construit une maquette du Nautilus qui sera exposée pour la première
fois au Salon «Visions du Futur» en 2002 ainsi que ses
illustrations originales. Pour les avoir vues, on peut regretter que
le type de papier choisi par Gründ et leur imprimeur, qui assombrit
les couleurs et atténue les détails, ne rende pas justice à son
travail... Un choix économique motivé par un prix de vente assez
bas pour un tel livre (540 pages reliées pour 15€) mais on peut
regretter que l'éditeur n'aie pas édité un tirage limité sur un
beau papier qui aurait été fidèle aux peintures et dessins
originaux de l'artiste...
2002 est bien
l'année Graffet car il reçoit le prix du meilleur illustrateur
professionnel du Salon-exposition «Visions Du Futurs» de Paris
ainsi que le prix «Art & Fact» du meilleur illustrateur
français. L'année suivante, il obtient le «Grand Prix de
L'Imaginaire».
Les peintures de Didier ont été exposées à
beaucoup d'endroit en France mais son exposition majeure est celle de
2008 à La Maison d'Ailleurs en Suisse. Une rétrospective
impressionnante de l'œuvre de l'artiste avec un album en tirage
limité des dessins de «La Compagnie Noire», romans de Dark Fantasy
de Glen Cook.
Didier cite
Klimt, Bruegel, Bosh, Vermeer, Piranèse parmi les peintres
classiques qui l'ont influencé et Druillet, Segrelles, Roland Cat,
Sanjulian, et bien sûr Frazetta chez les illustrateurs.
Il peint le plus
souvent à l'acrylique qu'il apprécie pour sa rapidité de séchage
lui permettant de travailler plus spontanément. Ses peintures
dégagent une force épique, une puissance visuelle qui happe
l'imaginaire du public. La maîtrise et richesse des détails et
textures apportés aux armures, armes et vêtements, les couleurs
lumineuses, la lumière savamment dosée et les décors grandioses,
sont la marque de fabrique de Didier Graffet dont on identifie le
style au premier coup d'œil, comme dans un autre genre, Manchu. Peu
d'artistes français on su imposer leur style avec autant d'aisance.
Depuis quelques années, il lui arrive de travailler en numérique
bien qu'il préfère le traditionnel mais reconnait que ce nouvel
outil influe aujourd’hui sur ses réalisations peintes
traditionnellement, lorsqu'il prépare l’image notament. Toujours
est-il que ses peintures numériques réussissent à conserver un
graphisme proche de son travail en peinture traditionnelle, comme on
peut le voir sur ce travail personnel pour ses Voeux 2010.
Après «20 000
Lieues sous les mers», Didier insatiable s'attaque à un autre
classique de Jules Verne, «L'Ile Mystérieuse» pour Gründ où ses
illustrations font une fois de plus merveille !
Il ne s'arrête pas
là et se plonge dans la geste d'Arthur pour «Le Roi Arthur» écrit
par Jacques Boulanger en 2 volumes. Didier avait déjà réalisé une
très belle série de peintures éditée en cartes postales sur les
principaux acteurs de la légende Arthurienne. Il retrouve donc cet
univers où il excelle, et ces deux albums proposent entre autres
illustrations de remarquables peintures de chevaliers en armes, à
cheval ou au combat ! Un must qui sort en 2006 toujours chez Gründ.
Mais et la BD me
direz-vous ? Alors que c'était une motivation dans sa jeunesse, et
bien il semblerait que l'illustration l'ait emporté sur ce rêve
d'adolescent... il a tout de même approché le genre en réalisant
les couvertures des 3 premiers tomes de l'adaptation BD de la série
de romans de Fantasy de Robin Hobb, «L'Assassin Royal» chez Soleil.
Pour ce même éditeur, il réalise un roman graphique en s'attaquant
à la mythologie nordique avec «L'Anneau des Nibelungen» sur un
texte de Nicolas Jarry qui paraît en 2009. Un beau livre de 80 pages
où le texte est intégré aux peintures et dessins au crayon pour
former une saga grandiose et sombre.
L'affiche
du Salon «Le Monde du Jeu» de Paris et celle des «Imaginales»
d'Epinal en 2003 sont signées Didier Graffet. Le «Festival du Film
Jules Verne» qui a lieu au grand Rex à Paris depuis 1992 lui
propose de réaliser l'affiche 2006. Il en réalisera d'autres dont
celle de cette année où le festival fêtera ses 20 ans. Il a aussi
fait les affiches de films projetés lors de ces festivals, tel que
«Les Pouvoirs du Fleuve» ou «Le Feu de la Mer».
Un
tel artiste se devait d'avoir un Artbook personnel et c'est
Bragelonne qui l'édite en 2007. «Mondes & Voyages» est un
artbook de 160 pages présentant l'ensemble de la carrière de Didier
dans tous les genres qu'il a abordés depuis ses débuts. En 2010,
son illustration «Les Enfants de Hurin» éditée par Ballantine
Books est publiée dans le célèbre artbook annuel «Spectrum»
n°17 en 2010 qui présente le fine fleur des artistes de
l'imaginaire du monde entier et il sera présent dans le «Spectrum»
n°19.
L’événement de
la fin de l'année 2012 aura été sans nul doute, l'exposition « de
Vapeur et d'Acier » à la galerie parisienne Daniel Maghen ! Deux ans de travail pour un résultat tout simplement
splendide avec un superbe catalogue de l'exposition en tirage
limité à la clé !
Ces originaux ont inspiré le romancier Xavier Mauméjean qui en a tiré des récits édités en un magnifique album "STEAMPUNK, de Vapeur et d'Acier" paru chez le Pré aux Clercs en septembre 2013 et agrémenté d'une préface de Philippe Druillet.
L'exposition ayant été un succès, Didier Graffet s'est donc remis au travail en vue d'une nouvelle exposition prévue pour 2016, toujours pour la Galerie Daniel Maghen.
Cela ne l'a pas empêché de réaliser une série d'illustrations pour le Calendrier 2017 de la mythique série de romans de G.R. Martin, "Games Of Thrones"... tout en achevant l'aménagement de son nouvel atelier au look délicieusement Steampunk !
En mai 2015, pendant les 2 journées du festival GEEKOPOLIS de Paris Porte de
Versailles, il réalise en direct avec les artistes Julien Delval et Johan Bodin aka YOz, une fresque à l'acrylique sur toile, avec pour thème le Witch King du Seigneur des Anneaux, devant un public ébahi.
L'année suivante c'est avec Manchu qu'il s'associe sous l'égide de la galerie Bureau 21 à l'occasion du "Japan Tours Festival" sur une magnifique fresque Steampunk !
Après plusieurs années de travail, la nouvelle exposition de Didier Graffet se dévoile enfin à l'Espace Commines le 2 novembre 2016. Intitulée "Effluvium" l'artiste explore encore le thème du Steampunk s'inspirant de Jules Verne, des Conquistadors espagnols et de la mythologie grecque.
A cette occasion, Kennocha Baud et Julien Dumont de l'Atelier db FX ont réalisés 2 superbes sculptures à partir des plans de l'artiste.
Toujours dans le cadre de cet événement, une vidéo présentant Didier Graffet au travail dans son nouvel atelier à été tournée par le Dbfx Workshop que vous pouvez voir sur vimeo ici-même.
Quand il ne dessine pas, il aime chiner et collectionner des objets qui ont une histoire comme cette vieille machine Underwood n°5 de 1916 en état de marche que ses enfants adorent.
L'exposition ayant été un succès, Didier Graffet s'est donc remis au travail en vue d'une nouvelle exposition prévue pour 2016, toujours pour la Galerie Daniel Maghen.
Cela ne l'a pas empêché de réaliser une série d'illustrations pour le Calendrier 2017 de la mythique série de romans de G.R. Martin, "Games Of Thrones"... tout en achevant l'aménagement de son nouvel atelier au look délicieusement Steampunk !
L'année suivante c'est avec Manchu qu'il s'associe sous l'égide de la galerie Bureau 21 à l'occasion du "Japan Tours Festival" sur une magnifique fresque Steampunk !
Après plusieurs années de travail, la nouvelle exposition de Didier Graffet se dévoile enfin à l'Espace Commines le 2 novembre 2016. Intitulée "Effluvium" l'artiste explore encore le thème du Steampunk s'inspirant de Jules Verne, des Conquistadors espagnols et de la mythologie grecque.
A cette occasion, Kennocha Baud et Julien Dumont de l'Atelier db FX ont réalisés 2 superbes sculptures à partir des plans de l'artiste.
Toujours dans le cadre de cet événement, une vidéo présentant Didier Graffet au travail dans son nouvel atelier à été tournée par le Dbfx Workshop que vous pouvez voir sur vimeo ici-même.
Quand il ne dessine pas, il aime chiner et collectionner des objets qui ont une histoire comme cette vieille machine Underwood n°5 de 1916 en état de marche que ses enfants adorent.
Depuis plus de 20 ans, Didier Graffet est devenu un artiste majeur dont le travail a largement dépassé nos frontières ! Il n'aime pas s'enfermer dans la routine à la recherche de nouvelles sensations en travaillant dans des genres différents. Ses œuvres n'ont pas fini d'apparaitre sur les rayons des librairies et dans les salles d'expositions pour notre plus grand plaisir.
je wiens de commander le catalogue d'expo et j'ai wraiment hâte de le recewoir merci pour ta chronique tres riche !!!
RépondreSupprimerMerci Gwen et belle acquisition, il est superbe !
RépondreSupprimerDidier ne cessera de nous surprendre et de provoquer la plus sincère admiration. Merci Michel pour ce beau reportage complet*
RépondreSupprimerMerci Martine ! Oui, un sacré artiste Didier, pour ne pas dire un artiste sacré !
SupprimerMagnifique chronique très complète digne de l'immense talent de Didier!
RépondreSupprimerMerci Ludovic !
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