Ce blog est dédié aux illustrateurs de l'imaginaire que je présente sous la forme de chroniques ou d'interviews.
Vos commentaires sont les bienvenus. Bonne lecture.
MiB le 04/01/13

dimanche 6 janvier 2013

DIDIER GRAFFET

Chronique actualisée le 01/11/2016








Quel lecteur de fantasy ne connait pas le travail
de Didier GRAFFET ? 
Ne serait-ce que pour la fameuse couverture
de «Légende» de David Gemmell parue 
chez Bragelonne en 2000...




Didier est né a Rillieux-la-pape en 1970 et il a toujours eu la passion du dessin. Les BD de Druillet , Moebius, Bilal ou Loisel, les films comme Starwars et les séries animées diffusées alors à la télévision tels que Goldorak nourrissent son imaginaire. Quand à l'âge de 15 ans il passe ses vacances d'été à dessiner une BD d'après le texte d'un ami, ses parents comprennent vite que c'est vers le dessin que leur fils va s'orienter.

Il commence une école d'art mais la quitte au bout de 15 jours, la formation lui paraissant trop abstraite, pas assez de dessin à son goût... il bosse alors dans une agence de pub qui ne l'emballe pas non plus et finit par rentrer à l'école Emile Cohl de Lyon pour suivre un BTS. Nicollet est l'un de ses profs qui a une influence positive sur ses études et c’est avec plaisir qu'ils se revoient aujourd’hui. A sa sortie, il travaille quelque temps dans la pub et décide très vite de devenir illustrateur free lance.

Sa première couverture est pour le magasine de Jeu De Rôles, Casus Belli en1994. Il veut tellement la réussir qu'il en fait deux et choisit d'envoyer celle qu'il juge la meilleure.

Il intègre ensuite la société de JDR Multisim créée en 1992. Le courant passe bien entre passionnés du même âge, favorisant une bonne émulation et c'est là qu'il se familiarise avec le métier d'illustrateur. En 1996, Frédéric Weil (co-fondateur de Multisim) et Stéphane Marsan fondent les éditions Mnémos et Didier réalise leurs premières couvertures comme «Souffre-Jour» de Matthieu Gaborit (ci dessous), où son sens de la composition fait merveille.



Didier ne quitte pas pour autant le JDR et travaille pour Oriflam, Rackham ou Dragon magazine tout en faisant des couvertures pour J'ai Lu, Fleuve Noir et Pocket où son style médieval-fantasy, qui rivalise avec les meilleurs artistes américains du genre, est très apprécié.



Quand Stéphane Marsan quitte Mnémos pour fonder les éditions Bragelonne avec Alain Nevant en 2000, ils sont conscients que dans le domaine des littératures de l'imaginaire, l'illustration de couverture a un impact décisif sur les ventes et cela est encore plus probant pour un éditeur qui se lance sur le marché. Ils vont donc proposer à Didier, avec qui Stéphane a déjà travaillé, d'illustrer les couvertures de leur collection Fantasy. Son travail, bien mis en évidence en couverture de livres grand format, enchante les lecteurs et c'est le début du succès pour Bragelonne. Le succès appelant le succès, les éditions Albin-Michel, L'Atalante, Robert Laffont, France loisir, Le Pré au Clercs et récemment Ballantine Books font travailler Didier à leur tour.



Après avoir réalisé 4 albums de 95 à 97 chez Gründ dans la collection jeunesse des livres-jeu illustrés tel que «La Forêt aux 100 sortilèges» ou «La Tour aux 100 menaces», il s'attelle à un énorme projet, illustrer le texte intégral de Jules Verne, «20000 Lieues sous les mers», un travail qui lui prend plusieurs années et qui devient un gros succès en librairie à sa sortie en 2002 (80 000 exemplaires vendus). Force est de constater que Didier s'impose comme un grand illustrateur, capable de travailler avec brio dans d'autres genres que la Fantasy ! Passionné par cet univers, Didier a même construit une maquette du Nautilus qui sera exposée pour la première fois au Salon «Visions du Futur» en 2002 ainsi que ses illustrations originales. Pour les avoir vues, on peut regretter que le type de papier choisi par Gründ et leur imprimeur, qui assombrit les couleurs et atténue les détails, ne rende pas justice à son travail... Un choix économique motivé par un prix de vente assez bas pour un tel livre (540 pages reliées pour 15€) mais on peut regretter que l'éditeur n'aie pas édité un tirage limité sur un beau papier qui aurait été fidèle aux peintures et dessins originaux de l'artiste...




2002 est bien l'année Graffet car il reçoit le prix du meilleur illustrateur professionnel du Salon-exposition «Visions Du Futurs» de Paris ainsi que le prix «Art & Fact» du meilleur illustrateur français. L'année suivante, il obtient le «Grand Prix de L'Imaginaire». 

Les peintures de Didier ont été exposées à beaucoup d'endroit en France mais son exposition majeure est celle de 2008 à La Maison d'Ailleurs en Suisse. Une rétrospective impressionnante de l'œuvre de l'artiste avec un album en tirage limité des dessins de «La Compagnie Noire», romans de Dark Fantasy de Glen Cook.



Didier cite Klimt, Bruegel, Bosh, Vermeer, Piranèse parmi les peintres classiques qui l'ont influencé et Druillet, Segrelles, Roland Cat, Sanjulian, et bien sûr Frazetta chez les illustrateurs.

Il peint le plus souvent à l'acrylique qu'il apprécie pour sa rapidité de séchage lui permettant de travailler plus spontanément. Ses peintures dégagent une force épique, une puissance visuelle qui happe l'imaginaire du public. La maîtrise et richesse des détails et textures apportés aux armures, armes et vêtements, les couleurs lumineuses, la lumière savamment dosée et les décors grandioses, sont la marque de fabrique de Didier Graffet dont on identifie le style au premier coup d'œil, comme dans un autre genre, Manchu. Peu d'artistes français on su imposer leur style avec autant d'aisance. 

Depuis quelques années, il lui arrive de travailler en numérique bien qu'il préfère le traditionnel mais reconnait que ce nouvel outil influe aujourd’hui sur ses réalisations peintes traditionnellement, lorsqu'il prépare l’image notament. Toujours est-il que ses peintures numériques réussissent à conserver un graphisme proche de son travail en peinture traditionnelle, comme on peut le voir sur ce travail personnel pour ses Voeux 2010.


Après «20 000 Lieues sous les mers», Didier insatiable s'attaque à un autre classique de Jules Verne, «L'Ile Mystérieuse» pour Gründ où ses illustrations font une fois de plus merveille ! 

Il ne s'arrête pas là et se plonge dans la geste d'Arthur pour «Le Roi Arthur» écrit par Jacques Boulanger en 2 volumes. Didier avait déjà réalisé une très belle série de peintures éditée en cartes postales sur les principaux acteurs de la légende Arthurienne. Il retrouve donc cet univers où il excelle, et ces deux albums proposent entre autres illustrations de remarquables peintures de chevaliers en armes, à cheval ou au combat ! Un must qui sort en 2006 toujours chez Gründ.


Mais et la BD me direz-vous ? Alors que c'était une motivation dans sa jeunesse, et bien il semblerait que l'illustration l'ait emporté sur ce rêve d'adolescent... il a tout de même approché le genre en réalisant les couvertures des 3 premiers tomes de l'adaptation BD de la série de romans de Fantasy de Robin Hobb, «L'Assassin Royal» chez Soleil. 



Pour ce même éditeur, il réalise un roman graphique en s'attaquant à la mythologie nordique avec «L'Anneau des Nibelungen» sur un texte de Nicolas Jarry qui paraît en 2009. Un beau livre de 80 pages où le texte est intégré aux peintures et dessins au crayon pour former une saga grandiose et sombre.



L'affiche du Salon «Le Monde du Jeu» de Paris et celle des «Imaginales» d'Epinal en 2003 sont signées Didier Graffet. Le «Festival du Film Jules Verne» qui a lieu au grand Rex à Paris depuis 1992 lui propose de réaliser l'affiche 2006. Il en réalisera d'autres dont celle de cette année où le festival fêtera ses 20 ans. Il a aussi fait les affiches de films projetés lors de ces festivals, tel que «Les Pouvoirs du Fleuve» ou «Le Feu de la Mer».



Un tel artiste se devait d'avoir un Artbook personnel et c'est Bragelonne qui l'édite en 2007. «Mondes & Voyages» est un artbook de 160 pages présentant l'ensemble de la carrière de Didier dans tous les genres qu'il a abordés depuis ses débuts. En 2010, son illustration «Les Enfants de Hurin» éditée par Ballantine Books est publiée dans le célèbre artbook annuel «Spectrum» n°17 en 2010 qui présente le fine fleur des artistes de l'imaginaire du monde entier et il sera présent dans le «Spectrum» n°19.



L’événement de la fin de l'année 2012 aura été sans nul doute, l'exposition « de Vapeur et d'Acier » à la galerie parisienne Daniel Maghen ! Deux ans de travail pour un résultat tout simplement splendide avec un superbe catalogue de l'exposition en tirage limité à la clé !




Ces originaux ont inspiré le romancier Xavier Mauméjean qui en a tiré des récits édités en un magnifique album "STEAMPUNK, de Vapeur et d'Acier" paru chez le Pré aux Clercs en septembre 2013 et agrémenté d'une préface de Philippe Druillet.



L'exposition ayant été un succès, Didier Graffet s'est donc remis au travail en vue d'une nouvelle exposition prévue pour 2016, toujours pour la Galerie Daniel Maghen.
Cela ne l'a pas empêché de réaliser une série d'illustrations pour le Calendrier 2017 de la mythique série de romans de G.R. Martin, "Games Of Thrones"... tout en achevant l'aménagement de son nouvel atelier au look délicieusement Steampunk !



En mai 2015, pendant les 2 journées du festival GEEKOPOLIS de Paris Porte de Versailles, il réalise en direct avec les artistes Julien Delval et Johan Bodin aka YOz, une fresque à l'acrylique sur toile, avec pour thème le Witch King du Seigneur des Anneaux, devant un public ébahi.
L'année suivante c'est avec Manchu qu'il s'associe sous l'égide de la galerie Bureau 21 à l'occasion du "Japan Tours Festival" sur une magnifique fresque Steampunk !



 

Après plusieurs années de travail, la nouvelle exposition de Didier Graffet se dévoile enfin à l'Espace Commines le 2 novembre 2016. Intitulée "Effluvium" l'artiste explore encore le thème du Steampunk s'inspirant de Jules Verne, des Conquistadors espagnols et de la mythologie grecque.



 
A cette occasion, Kennocha Baud et Julien Dumont de l'Atelier db FX ont réalisés 2 superbes sculptures à partir des plans de l'artiste.




Toujours dans le cadre de cet événement, une vidéo présentant Didier Graffet au travail dans son nouvel atelier à été tournée par le Dbfx Workshop que vous pouvez voir sur vimeo ici-même.


 Quand il ne dessine pas, il aime chiner et collectionner des objets qui ont une histoire comme cette vieille machine Underwood n°5 de 1916 en état de marche que ses enfants adorent.

Depuis plus de 20 ans, Didier Graffet est devenu un artiste majeur dont le travail a largement dépassé nos frontières ! Il n'aime pas s'enfermer dans la routine à la recherche de nouvelles sensations en travaillant dans des genres différents. Ses œuvres n'ont pas fini d'apparaitre sur les rayons des librairies et dans les salles d'expositions pour notre plus grand plaisir.

Le site de Didier Graffet : http://www.didiergraffet.com/


MiB

6 commentaires:

  1. je wiens de commander le catalogue d'expo et j'ai wraiment hâte de le recewoir merci pour ta chronique tres riche !!!

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  2. Merci Gwen et belle acquisition, il est superbe !

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  3. Didier ne cessera de nous surprendre et de provoquer la plus sincère admiration. Merci Michel pour ce beau reportage complet*

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    1. Merci Martine ! Oui, un sacré artiste Didier, pour ne pas dire un artiste sacré !

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  4. Magnifique chronique très complète digne de l'immense talent de Didier!

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